L'économie réelle est le siège de mécanismes élémentaires ...
L'économie étant similaire au Vivant, la science économique devrait s'inspirer de la médecine ...
Nos travaux nous ont permis d'identifier plusieurs mécanismes élémentaires ...
Les articles de l'auteur sur le blog du journal Les Échos
À l'origine du concept de mécanisme économique élémentaire il y a ...
Beaucoup reste à faire en la matière...
Dans ses publications (Atlas des fractures françaises 1999, Fractures françaises 2010, La France périphérique 2014), le géographe Christophe Guilluy expose les déséquilibres spatiaux qu'il a repérés dans l'économie et la société françaises, au fil de ses travaux. Si le constat qu'il fait est incontestable, les interprétations qu'il en donne sont plus discutables, non pas pour leur couleur politique (tout scientifique peut avoir des opinions et les exprimer), mais parce que les mécanismes explicatifs sont, selon nous, encore à découvrirnote 1. L'analyse des causes profondes des manifestations géographiques repérées nous semblent être du ressort de la science économique, or cette dernière manque à raisonner en termes spatio-temporels, et ne pouvait jusqu'à présent fournir les concepts appropriés aux besoins des géographes. Nous proposons quelques pistes explicatives, qui pourraient donner lieu à des recherches économiques approfondies.
Si les déséquilibres des régions françaises ont été bien décrites par C. Guilluy, elles ne sont pas le seul cas de difficultés rencontrées par des zones économiques, en relation avec leur localisation géographique. Plusieurs faits de déliquescence économique ont été les sujets des médias d'information.
La ville américaine de Détroit, dans le Michigan, berceau de l'automobile, avec les sièges des Big Three (les trois grands constructeurs Ford, General Motors et Chrysler), s'est mise en faillite le 18 juillet 2013.
Cette décision clôturait plusieurs décennies de déclin ininterrompu, la ville ayant subi une érosion importante de sa population, et donc de ses recettes fiscales, avec pour conséquence une envolée de sa dette. Cette dernière, devenant de moins en moins soutenable (elle atteignait 18,5 Mds $, soit 14 Mds € de l'époque, au moment de la faillite), compte-tenu de la contraction de l'assiette fiscale, la ville n'a pas eu d'autre choix que de se résoudre à demander le bénéfice de la loi américaine sur les faillites, qui protège le débiteur de ses créanciers.
Le résultat d'années de déliquescence se traduit par des quartiers entièrement vides de population, en ruines, livrés aux herbes folles et aux animaux sauvages.
L'un des traits marquants de la descente aux enfers de Détroit est la baisse impressionnante de la population. Celle-ci s'établissait à près de deux millions d'habitants en 1950note 2, ce qui en faisait l'une des plus grandes villes américaines. Avec moins de 700 000 habitants aujourd'huinote 3, elle n'est plus que l'ombre d'elle-même. Cette décroissance rapide et continue peut-elle en partie expliquer la défaillance économique et budgétaire de la ville ?
L'évolution qu'a connue Détroit semble constituer un cas d'étude potentiellement riche pour les économistes à la recherche d'un laboratoire dédié aux expériences économiques.
En 2010, la Tunisie est sous la coupe d'un régime autoritaire et corrompu, aux mains de Ben Ali et de sa famille depuis un quart de siècle.
Dans la région agricole de Sidi Bouzid, loin des plages touristiques et des revenus associés, la population, et tout particulièrement la jeunesse, souffre du chômage.
Le 17 décembre 2010, Mohamed Bouazizi, un jeune chômeur qui tentait de faire vivre sa famille en vendant des légumes, voit sa charrette et sa balance saisies, une fois de plus, par la police, parce qu'il exerce sans autorisation. Découragé et refoulé de toutes les administrations où il tente de se faire entendre, il finit par s'immoler par le feu sur la place de Sidi Bouzid, chef-lieu de la région du même nom.
Ce suicide, aux origines clairement économiques, va dès le lendemain susciter des manifestations, qui vont s'amplifier, jusqu'à mener à la chute du régime Ben Ali le 14 janvier 2011.
Cette chute, aussi rapide, va à son tour susciter des vocations dans l'ensemble du monde arabe, et d'autres régimes autoritaires vont succomber (l'Égypte, la Libye, le Yémen) ou s'enfoncer dans la guerre civile (Syrie, Libye et Yémen encore), ou bien connaître des manifestations de grande ampleur (états du Golfe Persique).
Et tout cela pour un manque d'emplois, la désespérance d'une jeunesse désabusée et choquée par les injustices économiques.
Il est à noter que l'âge de Mohamed Bouazizi, 26 ans, le place dans la catégorie qui connaît le plus fort taux de chômage, selon le Recensement Général de la Population et de l'Habitat de 2014 en Tunisie, à savoir les 25-29 ans, avec un taux de chômage de 28 %note 4.
Les élections municipales de 2014 puis les régionales de 2015 en France ont été le théâtre, dans les médias, d'une mise en avant de la petite ville d'Hénin-Beaumont, dans le département du Nord, du fait de la candidature du Front National visant à prendre la mairie.
Nombre de candidats et d'hommes politiques de tous bords ont fait le déplacement, pour contrer ou appuyer cette candidature et ses bonnes chances de succès, malgré un passé politique plutôt à gauche dans la région.
La victoire du parti d'extrême droite, qui a ravi la mairie, s'explique en bonne partie par les difficultés économiques de la région, celle-ci ayant perdu les nombreux emplois liés à la métallurgie, la houille et, à un moindre degré, le textile.
Le Nord-Pas-de-Calais est par ailleurs la plus jeune région de France, avec 26,7% de moins de vingt ans (ce qui la rapproche de Sidi Bouzid, en Tunisie).
Ces différentes caractéristiques ont fait de la ville de Hénin-Beaumont une référence en termes de mécontentement social.
Au fil du temps et des lectures, nous avons commencé à envisager des explications quant aux causes ayant mené à ces disparités économiques des territoires. Nous pensons que certains mécanismes, en dehors de toute influence extérieure (telle que la mondialisation tant décriée par Guilluy), permettraient d'en expliquer l'essentiel, et donc ce de manière endogène. De plus, leur pertinence, en terme d'explication du réel, pourrait être validée par des recherches sur le terrain. Les seuils d'activité nous semblent l'un des mécanismes les plus importants dans les cas qui nous préoccupent.
Le type de situations économiques qui nous intéresse ici se caractérise par un territoire local ou bassin d'emploi, et va concerner, pour l'essentiel, les entreprises et la population présentes sur cet espace.
Par géographie, nous entendons l'espace physique où tiennent les activités économiques. La production, tout comme l'échange marchand ou le travail salarié, se déroulent en des lieux concrets identifiables, occupés par les intervenants, de façon plus ou moins dense selon l'endroit.
Le niveau de granularité qui constitue le cadre de référence du mécanisme étudié plus loin est intimement lié à l'espace restreint dans lequel se tiennent les activités économiques des agents locaux. En cela, son étendue est fonction des contraintes physiques d'accès aux marchés des consommateurs et de déplacement des personnes offrant leur travail ou leurs services. Cela tend à restreindre la zone concernée à une agglomération-centre (bourg, ville, métropole) et sa périphérie économique (ou zone de chalandise).
Le principal acteur du mécanisme des seuils est ainsi la géographie restreinte d'une communauté économique locale.
Les possibilités économiques du territoire défini précédemment vont beaucoup dépendre de la population présente sur celui-ci.
La principale donnée influant sur le résultat global est l'importance de cette population, en termes simplement numériques. Plus les habitants sont nombreux sur une zone donnée, plus l'économie correspondante va avoir d'opportunités d'affaires, générant un volume d'activités en rapport avec celles-ci.
Inversement, un territoire à la population rare et clairsemée va offrir moins de potentiel aux éventuelles entreprises.
Des caractéristiques plus spécifiques, présentes ou absentes, telles que des revenus élevés, un âge avancé ou une grande jeunesse, vont aussi influer sur certaines des activités envisageables.
L'emploi offert sur le territoire dépend essentiellement du tissu des entreprises locales, des artisans aux sociétés en passant par les indépendants, ainsi que, dans une moindre mesure, des établissements locaux de sociétés extérieures à la région et des administrations et services publics.
L'existence, le développement, le maintien ou la disparition de ces entreprises vont dépendre des possibilités d'activités et du volume d'affaires potentiel de la zone concernée (nous traiterons à part le cas des échanges entre le territoire et l'extérieur).
Ces trois types d'acteurs vont interagir pour proposer et déterminer le volume d'emploi disponible (et concurremment le taux de chômage) d'une ville ou région donnée.
Fort de ses travaux de géographe, Christophe Guilluy identifie des déséquilibres territoriaux problématiques en France, qu'il relie au vote politique exprimé (il fait d'ailleurs du vote Front National un indicateur du mal-être social causé par les inégalités identifiées, notamment dans son Atlas de 1999).
Ces déséquilibres se traduisent par de grandes différences entre territoires.
Les grandes villes offrent un panorama économique positif, avec une croissance soutenue, des emplois qualifiés, tous les services possibles, une qualité de vie enviable. Elles attirent toujours plus de personnes, qui viennent alimenter sa croissance, en un cercle vertueux irrépressible. Ces métropoles voient cohabiter cadres et population immigrée, offrant aux uns et aux autres une satisfaction de leurs aspirations.
Hors des grandes villes, le tableau est déprimant : des régions en régression, des entreprises qui délocalisent, des commerces qui périclitent, des bourgades qui se vident, le tout semblant former un cercle vicieux incontrôlable.
Ces évolutions diamétralement opposées tendent à peser de manières très différentes pour les populations concernées : côté ville, des possibilités économiques et des revenus gratifiants ; côté campagne, de moins en moins d'emplois, de moins en moins rémunérateurs, un sentiment de laissés-pour-compte, une désespérance profonde.
Les maux identifiés par C. Guilluy, et de manière plus générale ce que peuvent nous dire les géographes sur l'économie réelle et ses manques, nous semblent constituer un terreau fertile pour de nouvelles découvertes en économie, à condition d'accepter leurs constats comme point de départ de nos recherches. En se basant sur les dysfonctionnements qu'ils ont repérés, nous pourrions obtenir des résultats à la fois pertinents et utiles quant aux mécanismes économiques réels, à même de nous approcher de remèdes aux maux qui frappent notre société contemporaine.
Si le constat est juste, les interprétations font problème. Non pas que C. Guilluy soit mal placé pour les faire : le travail du géographe ne s'arrête pas à la description. Mais expliquer de tels phénomènes requiert des mécanismes appropriés, qui ne peuvent être fournis que par la science économique (dans le cas présent, mais ce peut être aussi la sociologie, la biologie, la géologie, suivant le sujet traité par le géographe). En ce qui concerne l'économie, il nous faut reconnaître que la science correspondante n'offre guère les services attendus, les concepts utiles aux géographes.
Une première réflexion sur les caractéristiques des régions en difficulté fait apparaître des déterminants potentiels et des contraintes lourdes à l'œuvre dans leurs difficultés.
Toute activité économique tertiaire (y compris les services publics) possède un seuil en deçà duquel elle n'est pas viable. Si un territoire n'offre qu'un nombre de consommateurs inférieur à ce seuil, l'activité ne pourra s'installer sur le territoire. Par exemple, une commune rurale avec un certain nombre de jeunes ménages pourra avoir une école, mais pas de collège, réservé aux chefs-lieux de canton, tandis qu'avoir une université impose d'être une grande agglomération régionale.
De même, certaines petites villes pourront accueillir deux ou trois exemplaires concurrents d'un même commerce, là où des bourgs ruraux n'en auront aucun, ou un seul, à la limite de la survie.
Or la plupart des services doivent être produits au moment et sur le lieu de leur consommation. En conséquence, les petites villes, et plus encore les campagnes, ne peuvent prétendre à l'accueil d'une partie de la valeur ajoutée et des emplois fournis par le secteur tertiaire, ce qui bloque leur développement.
De nombreux métiers tertiaires sont des activités de support aux entreprises des autres branches : transport, assurance, sécurité, restauration d'entreprise,... En l'absence de suffisamment d'entreprises clientes, ces activités ne pourront que difficilement subsister, tandis qu'une ville accueillant de nombreuses entreprises offrira un terreau riche en potentialités. Ces tâches de support génèrent bien sûr, à leur tour, d'autres opportunités d'activités annexes.
Contrairement aux grandes villes, les territoires périphériques, moins densément peuplés et n'ayant que peu d'activités autonomes, n'offrent aucun intérêt pour les services de support évoqués plus haut. L'absence de ceux-ci, en plus des emplois qu'ils ne créent pas, vient pénaliser l'implantation d'activités devant y recourir, aggravant la faiblesse économique de ce territoire.
Un revenu donné va permettre l'accès à un certain nombre de produits, plus ou moins étendu selon le niveau du revenu. Une zone ne comportant que peu d'emplois, peu rémunérés de surcroît, telle que les territoires périphériques décrits par C. Guilluy, va constituer une opportunité bien maigre pour un prestataire de services, même de petits prix. A fortiori, un fournisseur de prestations plus sophistiquées n'aura aucun intérêt à s'implanter, faute de clientèle tout court.
Inversement, le développement des agglomérations va conduire à la multiplication des clients, ainsi qu'à leur montée en gamme, permettant de multiplier les opportunités pour les entrepreneurs.
Nous avons ici une esquisse d'un mécanisme central dans la plus ou moins bonne santé d'une économie locale.
Il ressort de la réflexion précédente que les seuils semblent commander la prospérité ou le déclassement d'un secteur géographique. Essayons de regarder plus précisément comment ils pèsent sur l'économie locale.
Le principe au cœur de ce mécanisme particulièrement critique est que l'existence d'une activité dépend d'un minimum de débouchés pouvant constituer une clientèle et des achats en volume suffisant pour soutenir les frais et fournir un revenu décent à au moins un agent économique spécialisé dans ce domaine.
Pour illustrer ce point, considérez simplement la population minimale nécessaire à une commune pour avoir une école primaire et celle permettant d'ouvrir une université ; nul doute que vous donnerez la première à tout village de campagne ayant un nombre de jeunes couples suffisant, tandis que vous serez d'accord pour n'implanter la deuxième que dans une métropole régionale.
Essayons de formaliser un peu cette notion de seuil, et les effets induits sur l'économie locale.
Supposons une activité dont le seuil minimal d'apparition est de 1 000 habitants. Si le franchissement de ce seuil permet de créer 1 emploi dans cette activité, nous pouvons considérer (en première lecture) que doubler le nombre d'habitants permettra de créer un second poste de travail, ce qui fait passer le total d'emplois dans cette activité à 2. Ainsi, en considérant que les postes offerts dans l'activité sont en relation linéaire avec le nombre d'habitants, une métropole de 100 000 habitants aura 100 personnes employées dans cette activité, là où 10 personnes seulement travaillent en ce domaine dans une bourgade de 10 000 habitants.
Mais quel est alors l'intérêt de ce concept de seuils ? Si toute activité offre un nombre d'emplois en rapport direct avec l'effectif de la population, où est le problème ?
Celui-ci réside dans la marche à franchir pour l'activité en question. Une activité ayant un seuil bas, de quelques centaines de personnes, va pouvoir être présente dans toutes les villes, même les plus petites, tandis qu'une activité au seuil élevé, de plusieurs milliers de personnes, ne va pouvoir être présente que dans les plus grandes villes.
Si nous considérons que les différentes activités s'échelonnent régulièrement sur un continuum de seuils allant de 1000 à 1 000 000 d'habitants, alors une petite ville n'accueillera qu'une petite poignée d'activités, tandis qu'une mégapole verra coexister toutes les activités possibles.
Chacune des activités étant en rapport direct avec la population présente, le taux d'emploi de la population sera plus élevé dans la mégapole (et ses milliers de métiers) que dans la petite ville (avec quelques services de base).
Le critère de base d'apparition d'une activité dans une zone économique est donc sans conteste la population minimale destinataire de cette activité. Mais de quelle population parlons-nous ?
La population à prendre en compte, pour une activité dont on souhaite connaître le seuil, est celle susceptible d'acheter les produits, biens ou services, fournis par l'activité en question.
La plupart des activités peuvent, en première approximation, considérer la population globale, connaissant la fraction de celle-ci qui sera cliente, pour peu que la population soit homogène et standard.
Suivant le type de clients requis, une population générale contiendra plus ou moins de ceux-ci, comme nous l'avons déjà noté pour l'école (une population nombreuse mais vieillissante n'aura pas d'intérêt pour cette activité). La structure interne de cette population (par exemple les catégories socio-professionnelles) va donc aussi devoir être prise en considération dans l'analyse des seuils.
Une entreprise qui fournit exclusivement d'autres entreprises (activité dite "business to business", abrégée en "B2B") va nécessiter un certain nombre d'entreprises clientes pour couvrir ses frais et ainsi survivre.
Chaque activité a son propre minimum requis, permettant à un agent de survivre économiquement.
Nous avons vu précédemment de nombreux exemples de seuils d'activité, pour des entreprises de natures très diverses. Le fait est que chacune a un seuil distinct, identifiable et spécifique. Cela constitue un ensemble de seuils très différents, allant de quelques milliers de personnes à plusieurs centaines de milliers, selon le domaine économique concerné.
Ce qui commence à compliquer les choses est le fait, pour certaines activités, que leur seuil est constitué d'un nombre d'entreprises, elles-mêmes dépendantes d'un seuil de population. Il va donc falloir, pour espérer accueillir les premières, qu'un certain nombre des secondes aient satisfait leur propre seuil, ceci passant par une population appropriée. Nous avons donc là une composition des seuils (au sens mathématique).
Compte-tenu des minima requis pour les différentes activités économiques, une région géographique va accueillir celles qui ont un seuil inférieur à la population présente sur ce territoire (considérant la nature de la population concernée par chaque activité) et ne pas être pourvue des activités ayant un seuil supérieur. C'est le principe de base de ce mécanisme des seuils.
Mais que se passe-t-il quand la taille de la population change ?
Examinons tout d'abord le cas d'un accroissement de la population de référence. La région concernée va voir l'apparition de nouvelles activités, auparavant non tenables, au fur et à mesure que le seuil de chacune d'elles est atteint puis dépassé. Ainsi, pour un même nombre d'actifs (en supposant fixe la proportion d'actifs au sein de la population, et pour une taille à l'instant t), davantage d'activités coexisteront, ce qui est susceptible de réduire le chômage (le cas échéant) ou de conduire à des tensions sur le marché du travail (en cas de plein emploi précédent).
Prenons un exemple chiffré pour illustrer de manière concrète ce mécanisme : soit une population de 1 000 habitants, comptant 500 actifs dont 440 sont occupés grâce à 11 activités occupant chacune 40 d'entre eux, ce qui fait un taux de chômage de 12 % (500 - 440 / 500). Supposons un accroissement de population de 10 %, soit 100 nouveaux habitants avec la même structure de répartition que la population de départ (et donc 50 actifs supplémentaires). Si cette poussée démographique permet 1 activité de plus, que constaterons-nous ? Les 12 activités précédentes bénéficient de la progression de 10% de la population et accroissent leur chiffre d'affaires d'autant, ce qui nécessite l'embauche de 10% de personnel en plus (soit 4 personnes par activité). L'activité additionnelle va aussi embaucher, en fonction de ses propres besoins, par exemple 4 personnes. Le résultat est donc une population totale de 1 100 habitants, dont 550 actifs, et 13 activités employant 485 personnes, ce qui amène à un taux de chômage de 11,8 % (550 - 485 / 550), à comparer aux 12 % du taux de de chômage précédent. L'hypothèse de 4 personnes pour la 11e activité est un peu large, puisque celle-ci vient seulement de franchir son seuil, mais nous l'avons choisi pour faire apparaître clairement le gain au niveau du chômage des activités émergentes qui viennent s'ajouter aux activités existantes.
Considérons maintenant une diminution de la population de référence. Les activités qui étaient proches de leur seuil le franchissent dans le mauvais sens et deviennent non tenables, mettant les entreprises concernées en difficulté financière, avec liquidation et licenciements à la clé. Nous pouvons alors inverser tout le processus décrit et illustré dans les paragraphes précédents, et constater qu'une population se réduisant va offrir de moins en moins d'opportunités d'emploi relativement au nombre d'actifs, conduisant à un taux de chômage de plus en plus élevé.
Le mécanisme des seuils que nous venons de présenter permet d'apporter des explications à plusieurs faits touchant aux sujets évoqués et à la situation difficile des régions défavorisées.
Nous pouvons comparer la situation de deux territoires à la structure de population similaire mais au nombre d'habitants bien différent, l'une très peuplée (métropole) et l'autre clairsemée (bourg rural).
La métropole connaît une économie variée incluant la plupart des activités possibles, et donc occuper énormément de ses actifs. Elle voit fleurir les agences immobilières, les lycées, des restaurants et bars à tous les coins de rue. Elle accueille une université, les sièges sociaux d'entreprises régionales, des laboratoires, un hôpital. Toutes ces activités emploient une grande proportion de sa population active.
Le bourg rural n'accueillera que quelques activités de base, peut-être une supérette en plus du traditionnel boulanger, à côté d'un salon de coiffure, qui ne suffiront pas à occuper une part importante de ses actifs. Ce village verra alors nombre de ses actifs les plus jeunes le quitter pour la métropole, ce qui aggravera encore l'écart d'activité entre les deux territoires (par la réduction concomitante de la population, réduisant le nombre d'activités tenables), impliquant un cercle vicieux pour le bourg et un cercle vertueux pour la métropole.
Nous voyons ici une conséquence directe du mécanisme des seuils, qui explique très bien les données collectées par Christophe Guilluy et d'autres géographes, et cela sans qu'il soit nécessaire d'invoquer leur méchante mondialisation.
Quelle peut-être l'influence des seuils sur la concurrence ?
Si le seuil d'une activité particulière est tout juste atteint, il ne peut y avoir qu'un agent économique viable exerçant cette activité. Ce fait constitue donc un obstacle structurel à la concurrence.
L'absence de concurrence risque de se traduire par des prix exagérément élevés, une moindre variété, une réduction de l'innovation, le non renouvellement des produits (et donc leur obsolescence payée au prix fort). Les régions en difficulté font trop souvent les frais de ces problèmes inhérents à l'étroitesse du marché qui permet au seul acteur installé de limiter ses efforts commerciaux (dans tous les sens du terme), bien que nous devions souligner, à sa décharge, qu'il est plus difficile d'offrir une large palette de produits quand le volume à fournir est faible.
Pour qu'il y ait mise en concurrence, il faudrait donc un niveau de population double du seuil requis ? Si l'apparition d'un second acteur sur le marché constitué par l'activité en question semble nécessiter effectivement deux fois plus de clients, il est toujours possible d'envisager l'effet sur l'entreprise installée de l'accroissement de chiffre d'affaires au-delà du seuil, en regard de la probabilité de plus en plus grande de l'irruption d'un nouvel acteur sur le territoire quand sa population est plus proche de deux fois le seuil, ce qui l'amène à réviser sa politique commerciale en conséquence. Il s'agit là de ce que les économistes appellent la concurrence par les entrants potentiels. Donc plus une population se rapprochera du double du seuil, moins le territoire concerné souffrira de l'absence de concurrence.
Un autre cas est celui où deux concurrents s'installent en même temps alors que le seuil est tout juste franchi. Ils vont se torpiller l'un l'autre et risquent de finir par s'éteindre tous deux, faute d'atteindre le C.A. minimum assurant la viabilité dans cette activité. Il est à noter que le problème est assez similaire quand un territoire voit sa population fondre (sous l'effet de l'exode rural, par exemple) ; les quelques agents économiques vont tenter de se maintenir, pour finalement contribuer à l'échec de leur entreprise conjointement à celle(s) de leur(s) concurrent(s). L'un d'eux pourra éventuellement retarder l'échéance en ajoutant une autre activité récemment abandonnée à son activité en contraction, lui permettant alors de tenir jusqu'à l'abandon de ses concurrents.
Nous ne traiterons pas ici de la question de la productivité et des économies d'échelle, qui seraient intéressantes (bien que limitées dans le cas des services, qui sont les plus concernés par les seuils), mais dépassent le cadre du présent ouvrage.
Selon les activités, la population cible ne sera pas la même. Ainsi, des zones géographiques à l'effectif similaire auront une situation économique dissemblable, du fait de structures démographiques différentes.
En matière de services, les emplois sont conditionnés par l'ensemble des activités viables face à la population présente. Pour une commune rurale, de nombreux ménages avec enfants signifieront plusieurs écoles, un ou plusieurs collèges et peut-être même un lycée, tandis qu'une petite ville avec des adultes âgés et en nombre décroissant ne pourra pas obtenir une école, et ne pourra sans doute pas retenir un coiffeur, une épicerie, sans parler de magasins d'habillement. Rapporté à l'effectif de leur population, la première offrira des emplois variés et relativement nombreux, tandis que la seconde n'accueillera qu'une poignée de postes.
Certains services, plus coûteux, vont nécessiter une clientèle ayant des revenus au-dessus du salaire de base : restauration, culture, voyages, voitures de milieu et haut de gamme,... Là encore, le volume d'emplois généré est mécaniquement lié à la population concernée, et non à une quelconque régulation par les prix. Mais l'accroissement des services et leur développement avec la taille de la population vont faire que les métropoles accueillent bien plus de ménages aisés, proportionnellement, que les petites villes (exception faite de certaines situations particulières, où les riches vont s'agglutiner dans des stations de villégiature branchées).
Au vu des résultats issus du mécanisme des seuils, il apparaît clairement que la question d'un équilibre entre volume d'emplois ("demande" de travail) et volume d'actifs ("offre" de travail), sur un théorique "marché du travail" livré à la concurrence et se régulant par les prix, semble largement hypothétique et quelque peu éloigné de la réalité.
A partir du moment où les emplois sont déterminés par le nombre d'entreprises et leur taille, elles-mêmes déterminées par les seuils franchis ou non dans la localité considérée, leur égalité avec l'offre de travail ne peut survenir spontanément, quelques soient les prix et la concurrence sur le sus-nommé marché du travail.
Une ville de province comptant une centaine d'activités tertiaires différentes ne peut espérer rivaliser, en termes de taux d'activité de sa population active, avec une métropole accueillant des milliers de métiers et compétences distincts, d'autant plus que ces activités génèrent leur propre marché du fait de leurs besoins en activités de support (logistique, formation, R & D,...). En conséquence, pour une même conjoncture nationale, crise ou prospérité, la petite ville va accuser un taux de chômage supérieur à la métropole, du simple fait que la seconde offre un plus grand éventail de postes, proportionnellement à sa taille, que la première. Et une plus grande souplesse ou non de l'embauche et du licenciement ne changent rien au fait que les postes disponibles sont en nombre plus ou moins satisfaisant face aux personnes cherchant un emploi (tout au plus pourra-t-on faciliter certaines activités à faible solvabilité).
Les grandes envolées sur l'efficacité ou non d'un marché du travail, au sens classique, c'est-à-dire lieu d'une adaptation de l'offre à la demande par le mécanisme du prix, sont ici battues en brèche par la contrainte forte exercée par les seuils sur la quantité d'emplois existant sur le secteur géographique concerné.
En cela, nous pouvons considérer que les Trente Glorieuses sont davantage une période de surchauffe économique que de "plein emploi" au sens strict, avec beaucoup plus de postes de travail ouverts que de personnel pour les occuper (soit l'inverse donc de notre situation actuelle, qui connaît un excès de personnel disponible face aux postes à occuper, et non son absence). Cette situation de tension sur l'emploi a d'ailleurs nécessité, à l'époque, le recours massif à une main d'œuvre de travailleurs étrangers.
Toute activité économique connue peut faire l'objet d'une étude de son seuil et de sa capacité à l'extension géographique. En miroir, toute zone géographique déterminée pourra être étudiée en termes de population présente et d'activités installées, la première expliquant largement les secondes.
Malheureusement, de telles études prennent des mois à temps plein, et nous n'avions pas la disponibilité non plus que les financements pour réaliser celles-ci et en présenter les résultats dans le cadre de cet ouvrage.
Un chercheur (master, thésard,...) pourrait aborder un tel sujet de recherche en échantillonnant les communes d'un département, puis en étudiant celles sélectionnées pour déterminer les entreprises qui s'y tiennent. Les entreprises en question pourraient être examinées afin de mettre en rapport leur main-d'œuvre et leur zone de chalandise (avec le nombre de clients potentiels).
Pour chaque activité, le plus important est de repérer quelles sont les villes les plus petites l'accueillant, dans lesquelles elle est présente. Cela permettrait de connaître le seuil de l'activité. Ensuite, les emplois occupés dans cette activité pour les villes plus grandes permettrait de dresser sa courbe d'emploi (nombre de salariés en fonction de la population présente).
L'étape suivante serait de considérer un secteur géographique en manque d'emploi (taux de chômage plus élevé qu'ailleurs) et d'y ausculter la présence ou l'absence de différentes activités en comparant leur seuil à la population présente sur ce secteur. Le secteur pourrait être comparé à d'autres secteurs géographiques de même taille et population, mais n'ayant qu'un faible taux de chômage, pour analyser leurs différences et similitudes. A priori, tous ces secteurs devraient avoir les mêmes effectifs employés dans les activités à seuil, et se distinguer par les activités hors seuil, telles que les industries...
Bien entendu, de telles confrontations de la théorie au réel vont faire émerger des cas particuliers non conformes, mais cette mise en évidence de complexités sous-jacentes est l'un des intérêts d'une approche par les mécanismes élémentaires : donner à voir et mesurer les différents mécanismes en jeu dans toute question économique !
Une autre approche pourrait consister en l'examen de plusieurs (petites) villes ayant connu soit une hausse importante de leur population soit une grande déperdition d'habitants et de voir à quel moment certaines activités sont apparues ou ont disparu de ces villes, selon le sens de leur évolution.
Pour être valable, une telle étude devrait porter sur un nombre important de villes similaires, ce qui implique un grand nombre de travaux dans le cas où l'on souhaiterait identifier tous les seuils.
Dans ce dernier cas, il serait peut-être plus simple de procéder par activité, en repérant pour chacune les villes l'accueillant et celles n'en étant pas pourvues. Les cas particuliers qui apparaîtraient alors (des villes l'ayant, plus petites que d'autres ne l'ayant pas) seraient l'occasion de découvrir des phénomènes accessoires aux seuils et venant les perturber.
Une étude un peu simpliste pourrait être de prendre les villes de France en analysant le rapport entre leur population et leur taux de chômage : un résultat donnant une fonction inverse (un chômage en baisse quand la population s'accroît) serait une indication de l'existence du mécanisme des seuils.
Cependant, de tels travaux portent sur des données vastes et couvrant un nombre très élevé de phénomènes distincts, dont il est impossible de démêler les causes et les effets. Nous sommes donc assez dubitatifs quant à l'intérêt apporté par ces analyses statistiques. Rappelons que notre approche est motivée par la possibilité de distinguer enfin les liens de causalité directs, en examinant l'économie réelle à un fin niveau de granularité.
Synthèse |
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Le mécanisme des seuils se caractérise par :
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Quand bien même il s'avère déterminant, le mécanisme des seuils n'est pas le seul élément explicatif des déséquilibres géographiques recensés par les géographes. D'autres paramètres sont susceptibles d'influer sur la situation de l'emploi dans les régions en difficulté, qui constituent autant de mécanismes élémentaires distincts pouvant être présents sur une même zone géographique (ou dont l'absence pénalise la zone en question).
Les achats effectués par la population d'une zone géographique donnée vont constituer l'utilisation de leurs revenus, mais aussi une manne pour les entreprises locales. Cependant, la nature et surtout le lieu de production des produits achetés, s'ils sont extérieurs à la région considérée, vont être un manque à gagner pour les locaux, correspondant à une importation. Un tel déséquilibre de la balance commerciale va venir réduire d'autant l'activité générale de la zone considérée, son P.I.B. local, induisant une contraction de l'économie et une réduction de l'emploi.
Les chefs-lieux dans une certaine mesure, les grandes agglomérations surtout, par les biens et services qu'ils fournissent, vont être les bénéficiaires de cette demande extérieure au territoire local.
Les nouvelles activités tertiaires ouvertes avec le franchissement de leur seuil par la population peuvent être envisagées, parce qu'elles sont devenues soutenables. Mais il ne s'agit que de potentialités. Encore faut-il qu'un agent économique (local ou extérieur) saisisse l'opportunité correspondante et la transforme en une activité concrète, réalisant l'accroissement d'emploi associé.
Cette transcription dans l'économie réelle de la possibilité ouverte par le développement de la population doit donc trouver un entrepreneur à même de créer l'entreprise qui répond à la nouvelle demande solvable. Ceci fait reposer la réalisation effective de la nouvelle activité sur l'esprit d'aventure économique présente dans la population. Une région marquée par les coups du sort et la litanie des plans sociaux aura plus de difficultés à trouver les âmes fortes à même de tirer parti des opportunités, tandis que les nombreux succès d'une zone active économiquement auront titillé les velléitaires, les amenant à se dire qu'eux aussi pourraient se lancer dans le grand bain.
Mais nous pouvons considérer aussi l'aspect inverse de la situation précédente, à savoir une région peu peuplée mais disposant d'entrepreneurs, d'individus dynamiques et déterminés. Est-ce que ce territoire, ayant une population insuffisante, ne pourra pas bénéficier des biens et services correspondant aux activités empêchées de s'installer faute de franchir leur seuil ? Cela dépend à la fois de la nature des produits fournis par ces activités et de l'accessibilité du territoire, à la fois en termes de possibilité pour des fournisseurs extérieurs d'accéder à sa population et pour lui-même d'aller chercher les produits à l'extérieur de ses limites géographiques.
Au sujet des produits, il nous faut distinguer entre les biens, produits physiques, qui peuvent être produits à peu près où on le souhaite, et les services, produits immatériels, dont la plupart doivent être produits au moment où ils sont consommés et donc sur le lieu même de leur usage. Du fait de leur nature, les premiers échappent aux seuils (voir ci-après), tandis que les seconds sont très dépendants de l'effectif de la population locale.
En terme d'accessibilité, certains services pourront être prodigués par des intervenants se déplaçant au coup par coup (prestations ponctuelles), à condition que les voies de transport soient d'un niveau suffisant pour ne pas handicaper les déplacements correspondants. Dans le même ordre d'idées, le territoire pourra envisager des entreprises pour les activités dont le seuil n'est pas franchi, à condition que ces dernières puissent faire l'objet de prestations à distance ; les activités correspondantes seront alors essentiellement dirigées vers l'extérieur (avec des déplacements nombreux pour les salariés de ces entreprises). Malheureusement, de telles entreprises s'installeront vraisemblablement là où elles peuvent bénéficier d'un marché initial important, et donc dans une grande ville plutôt qu'au fond d'une vallée dépeuplée.
Dans le cas d'une population trop faible pour accueillir ne serait-ce qu'une des activités de base, même un seul entrepreneur ne pourrait décemment vivre, mais, tandis qu'aucune activité n'atteint les minimas de population requis, un agent économique peut éventuellement cumuler plusieurs de ces activités, isolément non rentables, et parvenir à un chiffre d'affaires global suffisant pour gagner son pain (un dépôt de pain étant le type même d'activité partielle pouvant être adossée à d'autres).
Les biens industriels, ayant une existence matérielle, peuvent être produits à un endroit distinct du lieu où ils sont consommés, à la différence des services, dont la plupart doivent être produits lors de l'acte les consommant. De ce fait, il a été possible d'installer des sites de production industrielle en dehors des grandes agglomérations, et même loin de tout consommateur. Cette particularité a permis d'essaimer des emplois industriels sur tout le territoire (même si certaines activités ont pu être liées, pour des raisons de coûts, à des sites d'extraction de matières premières). Mais ce qui rend l'industrie localisable (positivement) la rend aussi dé-localisable (négativement) et donc susceptible d'être ôtée au territoire qui accueillait l'activité, au profit d'un autre territoire.
Malheureusement, dans une économie de plus en plus tertiarisée, comme l'économie française, la part de l'industrie diminue, et les grandes villes voient leur activité exploser, tandis que les campagnes stagnent économiquement, accentuant l'écart entre elles et le sentiment de déclassement pour la population qui reste à quai.
Les revenus et conditions ouvrières en France ne permettent pas un coût du travail de base, non qualifié, compétitif par rapport aux pays en développement, qu'ils soient européens, asiatiques ou autres.
Cela signifie que les entreprises industrielles doivent se positionner plutôt sur la compétitivité hors prix, c'est-à-dire les critères qualitatifs du produit perçu par les clients, et à même de leur faire accepter un prix plus élevé.
Mais une telle perception par les consommateurs passe le plus souvent par la sophistication technique du produit. Cette dernière suppose elle-même de la recherche et des développements (R & D), qui requièrent des ingénieurs et chercheurs, en plus de machines avancées et coûteuses. Ce niveau de qualification élevé nécessite la formation des personnels correspondants et une capacité des établissements concernés à attirer les salariés ayant la compétence requise.
Ces exigences sont le plus souvent satisfaites dans les grandes villes, beaucoup moins dans les petites villes et sites industriels ruraux, rejoignant en cela la problématique des seuils de population, bien que d'un autre point de vue.
A nouveau, les régions périphériques subissent une décote face aux grandes agglomérations, et vont difficilement lutter contre l'hémorragie industrielle qu'elles subissent. A elles de regrouper suffisamment d'activités au sein de la ville-centre de leur territoire, afin de constituer un pôle assez attractif, et de greffer là-dessus des établissements dans les alentours.
Une entreprise industrielle qui fait le même produit avec les mêmes méthodes depuis de nombreuses décennies ne peut qu'être condamnée (dans les divers sens du terme). Pour espérer maintenir l'activité correspondante dans la ville, les participants à l'entreprise (dirigeants, salariés, fournisseurs,..) doivent faire progresser le modèle économique afin se créer des avantages concurrentiels leur assurant une place stable dans la compétition économique.
Attention : il ne s'agit pas de simplement réduire les coûts (avec des mesures d'exonération sociale, une pression accrue sur les fournisseurs, des coupes dans l'emploi,...). L'objectif, pour la région ou ville concernée est en effet de maintenir et développer l'activité, et non de la voir se réduire comme peau de chagrin. Et c'est pourquoi nous parlons de progrès du "modèle économique".
En effet, beaucoup d'usines se sont "installées à la campagne", durant les Trente Glorieuses, pour pallier au manque de main-d'œuvre dans les villes et avoir des salariés peu syndiqués et bon marché. C'est ce modèle économique "low-cost" qui ne tient plus la route, face aux pays à bas coûts. Aussi, pour subsister, les établissements issus de cette démarche "au moins disant" doivent inventer un modèle articulé autour de la valeur ajoutée, seule à même de couvrir les coûts salariaux dans l'économie moderne.
Les participants à l'entreprise (ouvriers, agents de maîtrise, force de vente,...) doivent donc échanger, cogiter, créer, essayer, développer des innovations susceptibles de renouveler l'offre de l'entreprise et en faire une source de richesses plutôt qu'un gouffre à aides et subventions publiques. Si nous reprenons les cinq types d'innovations recensées par Schumpeter, l'économiste des entrepreneurs, un vaste éventail de possibilités s'ouvre à eux :
Il est plus que temps d'écouter les suggestions qu'ont à faire les salariés et de solliciter leurs avis quant aux améliorations qui pourraient être envisagées.
Nous retrouvons ici (et l'intervention de Schumpeter le souligne un peu plus) la notion d'intrapreneuriat que nous avions vue plus haut. Et nous y voyons la même conséquence pour l'économie locale : celle-ci dépend du maintien de l'usine et de ses emplois, qui dépend elle-même de la capacité à innover de ses salariés et cadres. L'avenir de beaucoup de régions est ainsi suspendu à la détermination et à la créativité de quelques uns. Ne vous laissez pas attendrir par l'appel larmoyant de certains dirigeants ; ceux-ci, en n'hésitant pas à recourir au chantage à l'emploi, ne font que persister dans un modèle économique dépassé, et menacent bien plus l'entreprise elle-même que les autorités et la population. N'hésitez pas à les débarquer, car ils sont le principal obstacle à la révision indispensable du modèle économique de l'entreprise ; après tout, ces mêmes dirigeants demandent régulièrement de pouvoir licencier tout salarié pour manque de productivité, âge trop élevé ou ancienneté trop importante ; ils ont gagné le droit de goûter à leur propre médecine amère.
Il ressort de ces différentes solutions une confirmation de ce que nous avait déjà appris le mécanisme des seuils, à savoir que la bonne santé d'une économie locale dépend de ses agents économiques, les politiques étant spectateurs des évolutions, ce qui explique le sentiment qu'ont nos citoyens d'une impuissance des politiques : ils paraissent impuissants à influer sur l'économie, parce qu'ils le sont réellement ! Cessons donc d'attendre d'eux qu'ils innovent, redressent et développent nos entreprises à notre place !
A partir du moment où, nous l'avons vu, le volume d'emploi d'une zone géographique donnée dépend de contraintes de dimensionnement des débouchés locaux, l'évolution démographique va être un facteur déterminant d'aggravation ou de réduction des problèmes d'écart entre offre de travail et emplois disponibles.
Si la population dite active progresse à un taux supérieur au taux de croissance de l'emploi salarié (nombre de postes existants), le chômage ne peut que s'aggraver, mécaniquement et inéluctablement.
Ainsi, beaucoup de jeunes de moins de quinze ans (25% de la population en Tunisie, par exemple) signifie de nombreux arrivants sur le marché du travail dans les années qui suivent, pour un marché de l'emploi qui peine déjà à occuper la population en âge de travailler. Si l'on prend comme illustration la région de Sidi Bouzid en Tunisie, d'où est parti le Printemps Arabe, la population active est déjà en situation de chômage élevé (22,54 % en 2014)note 5, soit 92 305 personnes au travail et 26 860 chômeurs. Les 10-14 ans sont 33 190, qui vont arriver sur le marché du travail dans les 5 années à venir. L'économie de la région, si elle veut résorber le chômage devra donc accroître de 65 % le volume d'emploi, en passant de 92 305 personnes occupées à 152 355 postes de de travail (cumul des trois nombres). Le défi de l'emploi est donc vaste et dépasse la simple intervention de l'État ou d'un marché du travail.
Inversement, si la démographie est atone ou en repli, alors que l'économie est florissante, la réduction de la population active correspondante va venir réduire la tension sur l'emploi naturellement. Le cas échéant, la zone géographique considérée pourrait même faire face à un déficit de main d'œuvre la contraignant, comme lors des Trente Glorieuses, à recourir à des travailleurs étrangers. C'est le cas de l'Allemagne, qui, en 2016, a ouvert largement ses bras aux réfugiés venus de Syrie et d'ailleurs.
Il conviendrait donc de maîtriser la démographie (chose malaisée) pour espérer maîtriser le chômage, là où la première est un peu trop dynamique et le second trop élevé. D'un autre côté, une démographie dynamique signifie des débouchés croissants et donc du développement économique pour les entreprises installées. Les flux de population, entrants (émigration) ou sortants (exode), vont peser aussi sur la dynamique des marchés et l'emploi au niveau local.
Nous avons vu l'importance de l'implication des acteurs locaux dans les solutions éventuelles à mettre en œuvre pour assurer la réussite économique d'une région donnée.
L'état d'esprit des citoyens et agents économiques est une variable critique à ce sujet, par leur dynamisme et leur détermination à faire avancer les choses dans la bonne direction, ou au contraire leur renoncement.
L'un des premiers facteurs est leur capacité à lire le contexte économique, le comprendre, pour en tirer des opportunités d'entreprendre ou de développement de leur activité existante. Une culture économique est ici un atout pour leur ville ou village.
La concrétisation d'opportunités va nécessiter les connaissances requises pour l'exercice de l'activité correspondante, ce qui suppose des formations adaptées aux besoins, avant même que ceux-ci se soient dégagés en tant que potentialités économiques.
Toutes les activités économiques ne nécessitent pas autant de diplômes ni des formations longues. Ainsi, la distribution de paquets ou la restauration rapides peuvent s'envisager avec un maigre bagage scolaire. Mais ce type d'entreprises, comme les autres, suppose une mentalité d'entrepreneur et de manager, qui sont donc des qualités à développer dans le cadre d'une région en difficulté au plan économique.
Les villes ne se sont pas faites en un jour, et leur richesse, de même que leur population et leur attractivité, sont le fruit d'une histoire passée, d'un acte fondateur et de la pertinence de leur situation géographique au moment de leur création. Ainsi, des ports protégés, des lieux de confluence de rivières navigables, le franchissement d'un obstacle naturel, sont autant de motifs des succès initiaux de nos métropoles actuelles.
Parfois, leur situation initiale favorable a pu se transformer en handicap au fil du temps, de par les contraintes que le lieu impose à l'extension de la cité ou de ses voisins. Ainsi, une ville située au point de départ du franchissement d'une montagne se retrouve enclavée au fond de sa vallée, une fois que le passage s'est déplacé. Une ville située dans une riche plaine agricole, si elle a pu bénéficier d'une abondante nourriture, va finir par dévorer les espaces cultivables au profit de ses structures urbaines (commerces, usines, logements).
Par ailleurs, l'histoire n'est pas un long fleuve tranquille, coulant dans un seul sens qui serait celui d'un progrès sans fin. La chute de l'empire romain a conduit à une contraction majeure des centres urbains, et le retour massif à la ruralité, ainsi que (trop) rapidement esquissé par Jérôme Baschetnote 6.
De manière plus générale, il nous semble évident que la situation économique d'une région géographique dépende de nombreux mécanismes élémentaires endogènes, qui relativisent les explications reposant sur des facteurs externes tels que la mondialisation (ces derniers intervenant surtout dans des régions en crise, dont ils aggravent les effets plus qu'ils ne les créent).
L'un des intérêts d'analyser un problème à l'aide des mécanismes élémentaires est de mieux comprendre ses origines, ses causes, et donc de pouvoir élaborer des solutions traitant le problème à la racine, plutôt qu'appliquer un baume apaisant faisant seulement baisser la fièvre (la proximité avec le modèle médical étant une caractéristique de l'approche par les mécanismes économiques élémentaires).
Dans le cas des régions en sous-emploi présentées dans la partie "Contexte", plusieurs réflexions peuvent être tirées du mode d'action du mécanisme des seuils, conduisant à de potentielles solutions pragmatiques et concrètes.
Une région donnée, en fonction de sa population, ne peut fournir qu'un nombre d'emplois contraints par les seuils des différentes activités, surtout dans les services.
La région va donc devoir se tourner vers d'autres marchés pour y trouver des débouchés supplémentaires, au travers d'activités "exportatrices" c'est-à-dire fournissant un chiffre d'affaires facturé à des clients extérieurs à la région.
Ces activités extraverties peuvent être industrielles, la production de biens physiques étant caractérisée par l'indépendance entre leur lieu de fabrication et leur lieu de consommation, mais aussi agricoles, qui permettent de nourrir des populations urbaines toujours plus dépendantes de l'extérieur pour leur alimentation. Certaines activités de services, bien que moins nombreuses, sont aussi "exportables" ; ainsi, un organisme de formation ou une entreprise informatique peuvent proposer des prestations exécutées assez loin de leur établissement par des salariés en déplacement.
Par exemple, la région de Sidi Bouzid manque de débouchés locaux ; les entrepreneurs locaux peuvent alors envisager des activités tournées vers les autres régions de Tunisie et du Maghreb, avec lesquelles elle partage langue(s) et culture.
Ces activités tournées vers l'extérieur vont aussi accroître la demande de services exprimés localement, ce qui constituera autant de débouchés supplémentaires pour les entreprises de la région.
Nous avons vu que la taille de la population présente sur un secteur géographique donné correspondait à un certain volume d'affaires possible, sous contrainte de franchissement des seuils spécifiques à chaque activité.
Cependant, il ne s'agit que d'un potentiel économique. Il ne suffit pas que le seuil d'une activité soit satisfait pour que les emplois correspondants apparaissent. Pour que ce potentiel se réalise dans l'économie locale, il faut que les acteurs locaux prennent en main les affaires et concrétisent ces potentialités en créant les entreprises ou établissements allant servir les marchés correspondants en produits, dans les quantités demandées.
À ce titre, et pour prendre l'exemple de la France, les régions en manque d'emplois et semblant délaissées par l'État central dépendent en réalité surtout de l'implication de leurs citoyens. Qui va venir faire chez eux ce qu'eux mêmes n'envisagent pas de faire ? La réalisation concrète, sur le terrain, des potentialités locales pose la question de l'entrepreneuriat.
Or il n'est pas facile de créer une entreprise ex-nihilo.
Les différents éléments à rassembler pour parvenir à une entreprise viable et stable sont multiples et incertains. Le premier point est une mentalité appropriée pour le créateur : prise de risques, créativité, pugnacité dans l'adversité, capacité à trouver des solutions aux problèmes qui se posent,... S'y ajoutent les compétences nécessaires à l'exercice de l'activité : commerciales, financières, techniques, sociales, relationnelles, juridiques, stratégiques. Un dirigeant de petite entreprise doit tout faire, n'ayant pas la possibilité d'embaucher les personnes correspondant aux différentes spécialités requises. S'y ajoutent les difficultés inhérentes à l'incertitude qui prévaut lorsque le produit, la clientèle, la marque, la communication, et jusqu'à l'unité de production sont à créer ex nihilo.
Pour remédier à cette difficulté majeure, nous pensons qu'il convient, là où le manque d'entrepreneurs se fait sentir, de favoriser l'intrapreneuriat (nouvelles activités à l'intérieur d'une entreprise existante) et l'extrapreneuriat (création d'une nouvelle entreprise à partir d'une activité annexe dans l'entreprise de départ).
L'intrapreneuriat consiste à développer une nouvelle activité (soit sur la base d'un nouveau produit, soit en proposant des produits existants à un nouveau marché) à l'intérieur d'une structure existante (entreprise privée ou organisation publique) afin de bénéficier de son support technique (secrétariat, comptabilité, service qualité,...) et économique (commerciaux, publicité, financement,...). Cette manière de procéder réduit le travail des "créateurs" aux seuls aspects produit et marché, l'intendance étant assurée par la structure au sein de laquelle ils créent la nouvelle activité. Pour cela, une politique adéquate est nécessaire au sein de l'entreprise, la direction accompagnant le salarié-créateur dans sa démarche entrepreneuriale. L'intra-prenariat implique donc une participation positive de l'entreprise hébergeant la nouvelle activité économique.
Un exemple bien connu d'intrapreunariat est la conception du premier Airbus, l'A 300, au sein de l'entreprise publique française Aérospatiale. Les salariés impliqués ont élaboré non seulement l'avion lui-même mais aussi le modèle économique et la structure de partenariats industriels qui ont assuré le succès de l'entreprise. il leur a fallu ensuite convaincre leur direction et le gouvernement de l'époque, alors que ceux-ci étaient impliqués dans le projet d'avion supersonique, nettement plus prestigieux. Fort heureusement pour l'économie européenne, ils y sont parvenus.
L'extrapreneuriat consiste, lui, à prendre une activité accessoire, telle que la fabrication de produits intermédiaires ou la maintenance des machines, déjà existante dans une entreprise installée, et d'en faire une nouvelle entreprise, à côté de la précédente, et dont elle devient un fournisseur ou prestataire de service. La nouvelle entité démarre ainsi avec un premier marché et un premier client, les outillages et le personnel qui vont bien. L'intérêt d'une telle opération, à la fois pour l'entreprise d'origine et pour la collectivité, est de développer cette activité, qui n'était qu'accessoire initialement, et de pouvoir servir le produit à d'autres entreprises, d'autres clients, ce qui ne pouvait être fait dans la situation antérieure, permettant de répartir les charges fixes sur un plus grand nombre de clients et de produits. Ici encore, l'entreprise à l'origine de la création d'activité va devoir accepter et soutenir le projet pour que celui-ci réussisse. Mais cette exigence est aussi une force pour la nouvelle entreprise, qui va bénéficier d'un appui concret de la part d'un partenaire existant déjà installé et positivement impliqué dans sa réussite.
Pour rester dans le domaine aéronautique, l'entreprise Dassault, fabricant des chasseurs à réaction et des avions d'affaire, avait développé en interne, pour ses besoins propres, un outil informatique extrêmement avancé de conception en trois dimensions assistée par ordinateur, le logiciel CATIA. Celui-ci s'avérait tellement supérieur à ce qui existait à l'époque que la société a pris la décision de le mettre à la disposition de tous les industriels intéressés, ce qui conduisit à la création d'une filiale spécialisée, entièrement dévolue à ce produit et chargée de son évolution et de sa commercialisation, l'entreprise Dassault Systèmes.
Entrepreneurs, intrapreneurs et extrapreneurs vont ajouter des emplois, donc des débouchés, à la région, ce qui conduit à une augmentation de l'emploi, et à un accroissement de la population, par arrivée de spécialistes venus d'ailleurs occuper les emplois non pourvus localement.
Il est à noter que, pour certaines activités, le franchissement du seuil correspondant va amener des entreprises extérieures à investir localement pour satisfaire le marché désormais viable. C'est le cas par exemple des enseignes de la grande distribution ou de la restauration rapide, qui vont ouvrir un établissement quand celui-ci sera économiquement tenable, apportant les emplois et les services attendus. De ce point de vue, pour la région concernée, peu importe le flacon pourvu qu'on aie les jobs.
Dans de nombreux pays en développement, tels qu'en Afrique (et, bien qu'à un moindre degré, dans certains pays développés), les activités tendent à se concentrer exclusivement dans la capitale économique, faisant du reste du pays un désert économique.
Par cet exode massif vidant non seulement les campagnes mais aussi les villes et centres urbains régionaux ou locaux, le pays se voit privé d'un arrière-pays qui permettrait d'épauler la capitale économique et de mieux répartir à la fois les richesses, les emplois, la population elle-même, ce qui grève, in fine, les activités économiques qui auraient pu se tenir en région.
Le déséquilibre massif engendré par cette focalisation sur la capitale devient alors un frein au développement, d'une part du fait des opportunités perdues d'activités en région, d'autre part du fait de la pression énorme exercée par cet afflux sur les structures et services dans l'hypertrophiée ville-centre.
Les gouvernements de ces pays gagneraient beaucoup à favoriser des services décentralisés, qui seraient ainsi plus attractifs que ceux de la capitale, ce qui permettrait à la fois d'accroître le volume d'activités des villes secondaires (permettant le franchissement de seuils vers le haut) et de désengorger la capitale (par réduction de la pression démographique et économique).
L'idée de base est d'avoir un programme bien établi sur quelques villes cibles et une communication claire et prégnante sur les actions entreprises par l'état pour développer de façon volontaire et déterminée ces villes, par transfert de services publics, d'éducation notamment, mais aussi des entreprises parapubliques (centres de recherche, maintenance ferroviaire, bases militaires,..). Un tel programme doit aussi indiquer quels secteurs doivent être développés et vont être soutenus, notamment par des effectifs scientifiques, des formations professionnelles adaptées,...
Avec une démarche claire et des objectifs bien exposés et suivis d'effets concrets, les anticipations des agents privés pourraient avoir un effet accélérateur, amplifiant le développement des secteurs choisis, amenant un succès auto-réalisateurnote 7.
Le mécanisme des seuils géographiques présenté dans les pages précédentes offre ainsi une meilleure lecture des problèmes de l'économie réelle et permet d'envisager des solutions tout aussi concrètes et effectives.
Bien loin de l'hypothèse unique de la mondialisation, formulée par Christophe Guilluy, il s'avère donc que de nombreux mécanismes endogènes semblent peser sur les économies locales, conduisant certaines vers des sommets, et en condamnant d'autres à la régression. Comprendre ces mécanismes nécessitera des travaux originaux et de nouvelles méthodes en science économique, mais leur connaissance permettra d'espérer ensuite pallier à leurs effets les plus délétères.
Un simple mécanisme tel que le seuil d'activité nous permet de comprendre de nombreux problèmes qui peuvent se poser dans une région donnée, en fonction simplement de la population qui s'y trouve. Et la variété des difficultés autant que des leçons à tirer de ce mécanisme représente un concours inappréciable aux autorités économiques en charge de cette région.
Un tel mécanisme offre donc une puissance d'analyse et une pertinence de réponse incontournables et utiles en ces temps de marasme et de désespérance des citoyens.
1 C. Guilluy fait reposer le déclassement des petites villes et bourgs ruraux sur la mondialisation, tandis que nous pensons que ce sont des facteurs internes qui sont à blâmer.
2 1 849 568 habitants au recensement de cette année là.
3 677 116 habitants estimés pour juillet 2015. Source : https://factfinder.census.gov.
4 voir les annexes.
5 voir les annexes.
6 La civilisation féodale, Flammarion, collection Champs histoire, 2006, Paris. La ville de Rome, qui a compté jusqu'à un million d'habitants au plus fort de l'empire, n'hébergeait plus que 50.000 âmes au VIe siècle (p 53-54).
7 Si les prédictions auto-réalisatrices constituent une plaie en matière de marchés financiers, rien n'interdit de les utiliser là où elles peuvent servir...
Une simple introduction à ce qui va suivre.
L'économie réelle à l'usage des économistes !
Granularité de l'économie et mécanismes élémentaires.
Une introduction aux exposés qui suivent...
Mécanisme des seuils d'activité.
Mécanisme d'accumulation du capital en agriculture.
Mécanisme de l'appariement aval - Des bottes pour les économistes.
Beaucoup reste à faire en la matière...
Des détails, tableaux et graphiques.
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